Rennes, le 22 décembre 2013

Le dernier Conseil Européen des ministres des pêches consacré à la fixation des quotas s’est terminé par une victoire à la Pyrrhus. D’un côté, pour presque les deux tiers des stocks, les ministres ont réclamé et obtenu des quotas sensiblement plus importants que ce que proposait la Commission. De l’autre, Frédéric Cuvillier, le ministre Français déclare « cet accord permet de garantir la durabilité des stocks atlantiques en s’appuyant sur les avis scientifiques, tout en préservant l’activité économique des pêcheries ».

Il est vrai que la Commission proposait pour certains stocks des restrictions qui allaient au-delà des recommandations scientifiques. C’est par exemple le cas pour les stocks de plie et de sole de la Manche. Et les quotas adoptés ici rejoignent in fine l’avis scientifique (respectivement 6 400 et 5 900 tonnes).

Mais pour d’autres stocks les décisions prises ne respectent pas les règles d’une pêche durable. Les quotas dépassent fortement la recommandation scientifique par exemple pour le merlu nord (+21%), pour la baudroie de mer Celtique (+49%), pour l’eglefin de mer Celtique (+49%), pour la langoustine du Golfe de Gascogne (+22%). Bien souvent, il s’agit de stocks qui montrent de fragiles signes de reconstitution. Mais les pêcheurs auraient tort de se réjouir des mesures prises. Les quotas généreux d’aujourd’hui risquent de compromettre ce début d’amélioration et d’oblitérer les captures de demain.

Il est très regrettable qu’un Ministre des pêches puisse encore opposer les avis scientifiques à l’activité économique des pêcheries. Comme si la politique des quotas et les règles de gestion validées par les Ministres eux-mêmes n’avaient pas précisément pour objectif d’assurer la rentabilité à long terme des entreprises de pêche. Comme si la reconstitution des stocks et le développement d’une pêche durable pouvaient attendre !

Communiqué avant le Conseil Européen :

 Points clés :

  • La fixation des quotas de pêche relève d’une décision politique qui doit s’appuyer sur les avis scientifiques
  • La situation des stocks européens semble s’améliorer mais est encore très fragile
  • Il reste nécessaire de diminuer la pression de pêche, et les quotas ne devraient globalement pas augmenter
  • La réforme de la Politique Commune des Pêches devrait inclure une refonte du système des quotas, visant à plus de transparence et plus d’efficacité.

 

Le conseil des Ministres des pêches de l’Union Européenne se réunira dans les jours qui viennent (les 17 et 18/12), pour fixer les quotas 2013 des grands stocks halieutiques européens. Ces quotas sont un élément central pour une gestion durable des ressources et des pêcheries en Europe. Les décisions qui seront prises par le Conseil impacteront non seulement les captures en 2013, mais aussi l’avenir d’un secteur économique aujourd’hui en difficulté. En amont de ces décisions, les scientifiques regroupés au sein de l’Association Française d’Halieutique (AFH[1]) tiennent à rappeler quelques idées clés.

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Téléchargez le communiqué de l’AFH : « TAC et avis scientifique : les pêches européennes seront-elles durables en 2012 ? »
et réagissez sur l’espace débats (réservé aux membres)


Les réactions dans la presse :

  • An english translation of the AFH analysis on TAC of the summary by Yan G. on LinkedIn le 29 février 2012
  • Un résumé sur « www.sosbar.org » le 1er mars 2012
    • Relayé par le site « www.lepecheurresponsable.com » le 1er mars 2012
  • Un article dans le Marin du 2 mars 2012
  • Une réaction dans la Voix du Nord, le 3 mars 2012
  • Un article dans le Ouest France du 6 mars 2012
  • Une réaction dans le Figaro du 3 mars 2012
  • Un article sur le site « www.actualites-news-environnement.com/ » le 9 mars 2012

Document téléchargeable

Lors de sa dernière assemblée générale (Brest, juillet 2009), l’AFH a décidé de porter la parole des scientifiques dans les débats publics concernant la politique des pêches. Dans cette optique, elle a notamment participé aux récentes Assises de la Pêche, organisées par le Ministère de l’Alimentation de l’Agriculture et de la Pêche, dans le cadre de la consultation lancée par la Commission Européenne, avec la publication du Livre vert sur la réforme de la politique commune des pêches (PCP).
Parallèlement, l’AFH a engagé une réflexion de fond, initiée lors d’un séminaire organisé à Paris en octobre 2009, et poursuivie par échange Mail. Cette réflexion aboutit à l’adoption par le conseil d’administration d’un texte intitulé « Un avenir pour les pêches maritimes en Europe », texte adressé à la Commission et aux participants aux Assises de la pêche.
Ce document, présente donc le point de vue des chercheurs de l’AFH sur la politique commune des pêches. Il est une contribution franche et constructive au processus de concertation, que les Assises ont très utilement enrichi et qui semble indispensable pour le développement durable du secteur des pêches en France et en Europe.